Chaque été à Ifrane, le cliquetis des boules résonne au cœur des cèdres. Depuis 1979 (données site FRMP), le Trophée Hassan II de pétanque réunit les meilleurs joueurs du royaume. Quarante-cinq ans plus tard, ce tournoi est devenu une véritable institution, racontant à travers son palmarès l’histoire d’un sport qui a grandi avec le Maroc.




Aux origines : les pionniers (1979–2004)
Tout commence en 1979. Trois noms ouvrent le palmarès : Moufid Amal, Guennoun Abderrahim et Kamal Farid, représentants de la Ligue Chaouia. À l’époque, la pétanque est avant tout une affaire locale : des clubs de quartier, des passionnés formés ensemble, des rivalités régionales naissantes.
Dans les années 1980 et 1990, de nouveaux bastions apparaissent : le Nord-Ouest avec l’ABT, l’Atlas-Saïss avec le SCF, ou encore Casablanca. Chacun cherche à inscrire son territoire dans la mémoire du tournoi.
En 2004, une triplette de l’ASR Nord-Ouest l’emporte, fermant symboliquement le cycle des premières décennies où la spontanéité et l’amateurisme éclairé dominaient encore.
L’âge d’or des élites (2009–2019)
À partir de 2009, le trophée change de dimension. Le palmarès devient plus régulier, les noms reviennent d’année en année. Ajouad Mohammed en est le symbole : vainqueur en 2009, il récidive en 2010, 2012, 2015, 2017 et 2019. Une longévité rare, qui en fait une véritable légende du tournoi.
À ses côtés, des compagnons de route comme Alaoui Hafid, El Menkari Abdessamad et El Mekaoui Ali donnent à cette décennie un parfum de dynastie sportive.
Le Centre (Rabat-Salé-Kénitra), via ses clubs SM et CATP, domine la scène, tandis que l’Atlas-Saïss (Fès-Meknès) incarne le rival le plus crédible.
Un moment marquant reste gravé : 2010, année où une triplette féminine (Dkhissi Latifa, Daoudi Najat, Driouch Aziza) s’impose en catégorie dames. Une première qui ouvre le trophée à la mixité, confirmant que la pétanque marocaine est aussi une affaire de passion partagée au féminin.
Le choc de la pandémie et le renouveau (2020–2024)
La pandémie de Covid-19 interrompt le tournoi en 2020 et 2021. Mais dès 2022, le rendez-vous reprend ses droits. De nouvelles équipes venues de la Ligue RFMP (Fès-Meknès élargi) raflent les trophées en 2022 et 2023.
Et puis, comme une preuve que certaines légendes ne s’éteignent pas, Ajouad Mohammed revient en 2024, associé à El Mekaoui Ali et Issalam, pour ajouter une ligne supplémentaire à son incroyable palmarès.
Trois leçons d’une épopée
- La fidélité des champions : certains noms reviennent comme des refrains, symbole de constance et d’exigence.
- La force des régions : du Centre à l’Atlas-Saïss, chaque victoire raconte une identité, un écosystème, une école de pétanque.
- La capacité de résilience : malgré la pandémie, le trophée a repris son souffle, prouvant sa place incontournable dans le calendrier sportif national.
Plus qu’un tournoi, un patrimoine
De 1979 à 2024, le Trophée Hassan II n’a cessé de se réinventer, sans jamais perdre son âme. À travers ses vainqueurs, il raconte l’histoire d’une pétanque marocaine enracinée et ambitieuse, où se croisent fidélité, rivalité et passion.
Ifrane, chaque année, devient le théâtre de cette mémoire vivante. Et au-delà des scores, ce sont des générations entières qui s’y reconnaissent.
Cet article est entièrement fondé sur les données site FRMP jusqu’à 2019.